La salle d’apparat de la Bibliothèque nationale d’Autriche
De précieux volumes dans un ensemble architectural exceptionnel : la salle baroque de la Nationalbibliothek est l’une des plus belles salles de bibliothèque au monde.
Le palais de la Hofburg forme un univers à part entière au cœur de la capitale autrichienne. Avec une somptueuse résidence, des cours cachées et maints secrets historiques à découvrir.
Des siècles durant, les Habsbourg en ont fait l’antre de leur pouvoir. La Hofburg conserve tout son faste. Appartements de l’empereur et salle du trésor en sont de magnifiques illustrations. Or, bien plus qu’un témoin du passé, ce monument reste le centre politique du pays, entouré de jardins tranquilles, de musées vivants et d’établissements éducatifs dynamiques. De plus, et la plupart des Viennois eux-mêmes l’ignorent : la Hofburg est aussi, en surface utile, le plus grand château au monde.
Depuis le XIIIe siècle, la Hofburg est un lieu de pouvoir. D’ici, les Habsbourg ont dirigé un empire mondial. Jamais conquis par l’ennemi, le siège de l’exécutif a été déplacé plusieurs fois au sein même du palais : d’abord dans l’Alte Burg, partie la plus ancienne du palais, puis au Schweizerhof, et enfin dans l’aile Léopold, le Leopoldinischer Trakt, où réside le président fédéral d’Autriche. Jusqu’en 2021, le Parlement logera lui aussi à la Hofburg, où il a déménagé temporairement.
Art et savoir à la Hofburg
Cette salle majestueuse est la pièce maîtresse de la Bibliothèque nationale d’Autriche. Sa construction remonte au prince Eugène de Savoie qui, au début du XVIIIe siècle, possédait la plus grande bibliothèque privée au monde. Ses 15 000 volumes se laissent admirer, aujourd’hui encore, sous la coupole de la salle d’apparat. Les reliures obéissent à un code de couleur strict : rouge pour l’histoire et la littérature, bleu pour la théologie et le droit, jaune pour les sciences de la nature.
À la mort du prince Eugène, en 1736, l’empereur Charles VI rapatria cette collection exceptionnelle à la Hofburg. La voici qui voisine avec 200 000 autres tomes dans la plus belle salle baroque de Vienne : un concentré de savoir sur 80 m de long et 20 m de haut.
Inaugurée en 2018, la Haus der Geschichte montre l’évolution de l’Autriche ces 100 dernières années. De l’effondrement de l’empire habsbourgeois à la formation de la République, puis à la funeste dictature nationale-socialiste et la renaissance démocratique post-Seconde Guerre mondiale. Un pays à l’histoire mouvementée ! Des installations interactives audio et vidéo illustrent la quête identitaire des Autrichiens et leur histoire culturelle. Les centaines d’objets exposés contribuent surtout à entretenir la mémoire, qu’il s’agisse de l’aigle à deux têtes déchu de la monarchie danubienne ou encore de la robe que portait Conchita Wurst lors de sa victoire, en 2014, à l’Eurovision. En repartant, on garde en tête l’image d’un pays qui se réinvente en permanence.
La Hofburg fait entrer ses visiteurs dans l’intimité des Habsbourg : la brosse à cheveux de Sissi et le stylo à encre de son époux, l’empereur François-Joseph, en sont deux exemples. On y admire le lustre des insignes de l’empire, entre sceptre, couronne et Sainte Lance. Trésors privés et séculaires ornent les appartements de l’empereur et la salle du trésor.
Dans les appartements de l’empereur, les visiteurs perçoivent l’atmosphère qui régnait dans l’intimité de François-Joseph et de Sissi. Un dédale d’escaliers et d’antichambres débouche sur la salle d’audience. Tout au long de son existence, l’empereur y a reçu pas moins de 260 000 sujets. Non loin se trouve son bureau, pièce austère où il se plongeait dans ses dossiers dès 5 heures du matin. Au-delà du froid bureaucrate, François-Joseph était aussi un époux aimant : de sa table de travail, il pouvait admirer le portrait de sa chère et tendre. Sissi, quant à elle, aimait passer du temps dans son cabinet de sport et de toilette. Quand elle ne s’entraînait pas sur son espalier, l’impératrice consacrait à son rituel de coiffure plusieurs heures par jour.
Visiter la salle du trésor impérial, c’est découvrir une collection unique qui couvre 1 000 ans de l’histoire européenne : les insignes et la couronne impériale du Saint-Empire romain germanique, ou encore la couronne des Habsbourg que porta Rodolphe II témoignent d’une orfèvrerie à la pointe de son art. Cette salle renferme bien d’autres objets historiques : la Sainte Lance, dont la broche centrale serait l’un des clous utilisés pour maintenir le Christ en croix. Ou bien une dent géante de narval, qu’on pensait être une corne de licorne. On accordait également une signification mythique à une coupe en agate de l’Antiquité tardive – longtemps considérée comme le légendaire Saint Graal.
Les habits de têtes couronnées émerveillent par leur somptuosité. Curieusement, le manteau de couronnement des Habsbourg sort d’un atelier normand de Sicile, et les tisseurs arabes y ont cousu, outre lions et chameaux, des caractères arabes énigmatiques.
Originaires de Slovénie, les lipizzans caractérisent au plus profond l’identité culturelle autrichienne. Ainsi, la Stallburg est devenue un site majeur de l’art équestre classique. Les possibilités d’y admirer ces magnifiques montures – qui naissent d’ailleurs avec une robe noire ou baie – sont multiples.
Dans le manège d’hiver, de style baroque, les représentations présentent, de la cabriole à la levade, les figures typiques de la Haute École classique, d’une extrême maîtrise. Parfois au son du Philharmonique ou des Petits Chanteurs de Vienne, orchestre et chœur de réputation mondiale. En coulisse, l’entraînement matinal des jeunes étalons dans l’une des plus belles salles d’équitation au monde vaut aussi une visite. Le Lipizzaner Museum fait découvrir aux passionnés et aux curieux plus de 430 ans de culture équestre à la cour. En été, on peut également observer les chevaux blancs pendant leur « temps libre ». Les juments paissent en effet tranquillement avec leurs poulains dans les jardins du palais…